Fès : Revivre la "Marche Verte" grâce au témoignage de Seddik Maaninou
Une célébration du 49e anniversaire de la "Marche Verte" en grande pompe. C'est ce qu'a initié l'Association Fès-Saïss, samedi 9 novembre 2024, en conviant le journaliste et écrivain Mohamed Seddik Maaninou. "Notre objectif est de faire revivre cette grande Marche aux jeunes générations et au-delà inviter les associations à s'impliquer davantage dans la sensibilisation à l'intégrité territoriale et à la promotion de la cause nationale, comme demandé par SM le Roi, Mohammed VI, dans son discours devant le Parlement et à l'occasion de la commémoration de la Marche Verte", indique Hassan Slighoua, président de l'Association Fès-Saïss.
Témoin de cette marche historique, l'hôte de l'ONG a rappelé les préparatifs de ce grand moment de gloire pensé, organisé, et mené par feu SM le Roi Hassan II. Devant des universitaires, des responsables politiques et des représentants de la société civile, Seddik Maaninou a retracé un nationalisme royal et une grande ingéniosité qui marqueront à jamais l'histoire du Royaume.
"Après des mois de préparation, le jeudi 6 novembre 1975, 350.000 marcheurs franchissent la frontière qui sépare le Maroc du Sahara", rapporte Maaninou. Présent pour couvrir l'évènement emblématique, ce dernier a noté que "les Marocains ont osé défier la puissance espagnole encore implantée dans cette région". Ils avançaient, sans autre arme que le Coran. Cette opération, mûrie par le roi Hassan II dans le plus grand secret, va bouleverser les rapports de force hérités d’une décolonisation inachevée, vingt ans après l’indépendance du Maroc. Mais au-delà de la (re)conquête territoriale, cette marche ne pouvait se comprendre sans la nécessité dans laquelle se trouvait le Roi de recréer l’unité nationale autour de sa personne. C’est la raison du défi qu’il avait lancé à la communauté internationale, par une campagne aux allures de plébiscite qui unit le roi et son peuple autour d’un « acte de foi », qui « puise son essence et son élan dans une histoire séculaire ».
Cette Marche reste jusqu’à aujourd’hui un symbole fondateur du nationalisme royal marocain. Selon Maaninou, l’idée de la Marche fut « conçue et définie dans la solitude et la méditation », à partir du 19 août 1975 . A l’exception du cercle restreint des plus proches collaborateurs du Roi Hassan II, les premiers à avoir été mis au courant de l’opération ont été les gouverneurs du Royaume, un soir du mois de ramadan, le 26 septembre 1975, après avoir prêté le serment solennel de ne rien révéler.
Dès leur retour dans les préfectures et provinces, ils ont commencé, sous des prétextes divers, l’inventaire des produits et matériels disponibles, produits de consommation, moyens de transport, cars et camions, moyens d’hébergement, tentes et couvertures. Par la suite sept cents agents et auxiliaires d’autorité sont envoyés par le ministère de l’Intérieur à Benguérir pour recevoir une formation accélérée axée sur le civisme, le patriotisme et l’encadrement des masses, à l’exemple de l’école des cadres de la Route de l’Unité. Eux-mêmes ne connaîtront la raison de ce stage que lors du discours du 16 octobre annonçant la Marche. A partir de cette date, des bureaux d’inscription des volontaires sont ouverts à travers l’ensemble du pays sous l’autorité directe des gouverneurs.
Lancer dans le désert trois cent cinquante mille personnes, dont 10 % de femmes, nécessite une organisation extrêmement efficace et précise. Le chiffre même des volontaires n’est pas laissé au hasard. Hassan II l’explique ainsi : « C’est le chiffre des individus qui naissent au Maroc chaque année. J’ai pensé qu’il m’était permis d’engager la moisson solennelle que Dieu Nous donne pour ramener à la patrie une terre que Nous n’avions jamais oubliée ».
Les marcheurs ont été recrutés en fonction de quotas fixés pour chaque province, selon la taille des tribus, mais aussi selon leur loyauté. Le 6 novembre 1975, les Marocains ont surpris le Monde par une revendication territoriale pacifique, une marche réussie, et une organisation parfaite. Une nouvelle page est ainsi écrite dans l'histoire du Royaume, histoire contée brillamment par Maaninou.
Le journaliste et écrivain a reçu, à l'issue de sa conférence magistrale le trophée de l'Association Fès-Saïss et le trophée de la Ville de Fès des mains du maire Abdeslam El Bekkali. Maaninou a également été convié à signer ses ouvrages mémoires d'une grande époque. Et aujourd'hui, le Maroc continue d'écrire l'histoire, grâce à son développement attesté et ses avancées diplomatiques réalisées grâce à SM le Roi Mohammed VI.
Y.S.A.