
Comment étaient l’économie et les entreprises marocaines quand L’Economiste fut créé. Cette sélection nous permet de mieux comprendre le présent et de juger l’évolution que L’Economiste accompagne depuis sa création à ce jour.
Les comptes de la Sécu, c’est le sujet phare et fort que L’Economiste analyse en cette édition du 28 novembre 1991. La CNSS s’apprête à augmenter les pensions servies, ce qui engage fatalement des efforts supplémentaires chez les entreprises affiliées.
Sans surprise, des discussions animées s’en suivent entre les différents partenaires sociaux. Selon un principe immuable des vases communicants des assurances sociales, le réalisme économique invite à regarder le financement avant de s’avancer sur les prestations. Et là il n’existe pas beaucoup d’options. Si ce ne sont pas les cotisations, il faut alors rogner sur les montants servis ou retarder les âges de départ comme dans les régimes de retraite.
Le patronat présidé par Abderrahman Bennani Smires, semble pourtant lucide. S’il peste, mais accepte tout de même les surcotisations jugées élevées, l’argumentaire s’appuie tant sur les impératifs de coûts de production qui pourraient être impactés chez les entreprises, que sur les niveaux des prestations servies.
En filigrane, une autre question est mise en équation, l’assainissement de la CNSS. En janvier de la même année, la DEPP (Direction des établissements publics et des participations) produit un rapport au vitriol adressé à plusieurs départements ministériels et constatant de nombreuses irrégularités.

L’ampleur des dysfonctionnements n’est pas rendue publique. Il aura fallu attendre pour cela la fin de la décennie 90 avec les premières enquêtes de L’Economiste puis le rapport parlementaire de Rahou El Hilae. En tout cas pour la CGEM, l’assainissement était un prérequis de la qualité de la politique de redistribution sociale. Même posture chez l’UMT qui siège au conseil d’administration et qui plaide pour le toilettage sans nécessairement prôner une stratégie similaire.
Pour rassurer les partenaires sociaux, mais en esquivant néanmoins les aspects liés au volet moralisation, Taieb Bencheikh, alors ministre de la Santé (décédé en 2019), propose de séparer la branche Action sociale du reste de la CNSS. L’Action sociale héberge en réalité un grand gouffre: les polycliniques.
La construction de ce réseau de soins dès 1975, financée sur les réserves des allocations familiales, avait été une grosse aberration. Mais ne sera pas la seule. Des années plus tard, les procès CNSS seront révélateurs d’un mal plus profond du plus gros régime de sécurité sociale.
M.B.
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