Le gouvernement anticipe la crise du blé. Pour la première fois il ne décrète ni l’arrêt des importations ni le rétablissement de droits de douane pour protéger la production locale du blé tendre. Mieux, le gouvernement accède à une vieille doléance des opérateurs: leur engagement d’acheter la totalité de la récolte mise sur le marché.
En contrepartie, la liberté d’entreprendre et de saisir les opportunités du marché international. C’est l’option adoptée pour la commercialisation de l’actuelle récolte du blé tendre. Celle-ci ayant fait l’objet, le 20 avril dernier, d’une réunion du ministère de l’Agriculture avec les professions concernées.

Mais la teneur n’en a été annoncée qu’en début de semaine. Probablement, la décision a été forcée par les changements attendus, suite à la volonté russe de suspendre ses exportations des céréales jusqu’au mois de juillet prochain.
Selon le communiqué publié à cet effet par la tutelle, «le débat a concerné le suivi de l’approvisionnement régulier en céréales et en farines ainsi que la commercialisation de la production locale du blé tendre. Les opérateurs ont exprimé leur engagement ferme pour assurer la collecte et garantir en permanence le stock de céréales, permettant de couvrir au moins 4,5 mois des besoins de consommation.
De son côté, le gouvernement s’engage à mettre en place un régime de commercialisation incitatif afin de favoriser la collecte de la production nationale à des prix rémunérateurs pour les producteurs de blé tendre.
Pour la campagne agricole 2019-2020, le prix de référence cible est fixé à 280 DH/quintal rendu moulin, pour une qualité standard. Il peut être majoré ou minoré selon les paramètres de qualité. S’ajoute, une subvention de 5DH/quintal pour les volumes de blé achetés durant la période allant du 1er juin au 31 juillet 2020. Il en est de même pour la prime de magasinage (2 DH/quintal par quinzaine) octroyée aux organismes stockeurs sur la même période. Cette prime restera en vigueur pendant la période de stockage fixée jusqu’au 31 décembre 2020 avec option d’un dégressif de 7% à partir de fin septembre.
Pour l’approvisionnement des minoteries en blé tendre destiné aux farines subventionnées, le système d’appels d’offres sera reconduit. Les premiers appels d’offres de l’année seront réservés exclusivement à la récolte nationale. Par ailleurs, la suspension des droits de douane sera prorogée au-delà du 15 juin 2020 afin de maintenir le prix de revient d’importation à un niveau compétitif.
Pour le moment, le marché des céréales ne semble pas encore avoir subi les contrecoups de la décision russe de geler ses exportations. Par contre, des pertes ont été enregistrées par le marché européen dans le sillage des places américaines en perdition. En cause, les craintes d’une nouvelle guerre commerciale sino-américaine.
Les prix de la nouvelle campagne du blé sont par ailleurs tirés vers le bas par les pluies généreuses qui touchent actuellement l’Europe et la mer Noire. L’état des cultures chez les grands producteurs est toutefois sous étroite surveillance, avec des notations de blé et d’orge qui restent historiquement basses en France selon France-Agri-Mer.
Sur l’ancienne campagne, l’Europe demeure très active à l’international. La Commission européenne a en effet augmenté son cumul d’export à 28,8 millions de tonnes, soit un bond de près de 11 millions par rapport à la campagne précédente.
A.G.
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.