
La cause est entendue: en supprimant le prix minimum dans l’industrie du tabac, le gouvernement a tenu à adresser un message fort. Au terme d’un suspense haletant, et aussi d’un lobbying en coulisse de certains opérateurs, la mesure doit permettre de restaurer les conditions d’une vraie concurrence dans cette filière. Ne rien faire dans ce secteur, partiellement privatisé en 2003, aurait sérieusement écorné l’image du pays, voire bloqué pour de bon les réformes engagées. En démonopolisant un peu plus, il s’agit de mettre Imperial Tobacco au même régime que les autres fournisseurs. On en mesure l’intérêt économique, et bien évidemment beaucoup moins l’intérêt sanitaire: ne l’oublions pas, il s’agit des ventes de cigarettes! Il n’empêche, il faut toujours se féliciter d’un effort supplémentaire d’ouverture, peu importe le secteur concerné. On le sait, le problème, ce n’est pas que les entreprises marocaines ne sont pas assez protégées sur leur propre marché de la concurrence. La vraie crise, c’est que beaucoup manquent de compétitivité, et notamment à l’export!
S’agissant du tabac, la question du prix minimum est sans doute importante. Du moins pour les groupes qui ont suffisamment de poids ou une vision industrielle. Et à ce titre, l’affaire devrait rapidement se résumer à une bagarre entre les deux plus grands, Imperial Tobacco (ex-Altadis et Régie des tabacs) et British Tobacco. Pour d’autres, il en faudra un peu plus. C’est pourquoi la question du cahier des charges, toujours à l’avantage de l’opérateur historique, pourrait se poser rapidement. Les jeux ne sont donc pas encore faits.
Mohamed BENABID