Le Maroc vit une phase délicate de sa mutation.
Le pays a commencé à passer d'un régime économique fortement administré à un régime favorisant la libre initiative. Cela suppose qu'un système de régulation doive succéder à un autre. L'Etat demeure le producteur des normes et le responsable de leur application. La libre concurrence a besoin que soit strictement défini le cadre dans lequel elle intervient et les règles selon lesquelles elle fonctionne.
Si le système normatif ne s'adapte pas pour suivre de près, accompagner et même, en cas de nécessité, anticiper le mouvement, le danger est grand de voir s'installer le désordre.
Bien des textes destinés à accompagner la libéralisation ne suivent qu'avec une lenteur coupable, lorsqu'ils ne sont pas tout simplement mis en veilleuse. On comprend d'autant moins le retard apporté à l'adoption de textes importants, tels que le code du commerce, la loi sur la concurrence, etc... alors que des ministres siégeant dans l'actuel gouvernement avaient participé, il y a quelques années, à titre d'experts à l'élaboration de ces projets de textes. Il ne faut pas que le Maroc connaisse une évolution semblable à ce qui s'est produit au Brésil ou ce qui se produit actuellement en Russie. Faute d'un système de régulation adéquat, les petits producteurs et les petits commerçants peuvent être écrasés et des actionnaires minoritaires grugés comme au détour d'un sentier au fond des bois.
Certes, le Maroc n'en est pas encore là. La libéralisation a pour but d'assurer un développement harmonieux de l'économie et non de faciliter l'accaparement et le désordre qui aboutissent à un gaspillage d'énergie et de richesses et freinent l'expansion.
Abdelmounaïm DILAMI