La transparence paye.
On le savait déjà, mais sans en avoir réellement mesuré toute la portée lorsque M. Jouahri puis M. Berrada, tout deux ministres des Finances du Royaume, avaient joué cartes sur table pour renégocier les dettes tout au long de ces dix dernières années.
La rentabilité de la transparence a reçu une démonstration éclatante avec l'emprunt international de l'ONA. Le groupe a longuement préparé son arrivée dans le monde financier; il s'est aussi longuement préparé à recevoir les questions et les regards souvent inquisiteurs. La stratégie a été payante, et en retour, le groupe gagne en crédibilité comme en croissance. Les recommandations en faveur de la transparence des affaires et des entreprises ont maintenant une dizaine d'années au Maroc, mais elles sont encore souvent vécues comme des voeux pieux, voire des désirs naïfs.
Dans beaucoup d'entreprises en effet, la transparence est ressentie comme inutile, voire intempestive et même nuisible: elle attire la concurrence quand ce n'est pas les contrôleurs du fisc. Cette attitude était parfaitement justifiée lorsque l'environnement de l'entreprise était incertain, imprévisible et discrétionnaire, car la politique à adopter ne pouvait être qu'une politique de protection des acquis. Aujourd'hui les choses sont en train de changer. Certes, il y a encore beaucoup à faire, mais l'environnement est devenu plus prévisible, sur le plan fiscal d'abord. En ce moment, il le devient sur le plan financier, et bientôt, il faut l'espérer, il deviendra prévisible sur le plan juridique.
Dans ce cadre, la politique de l'entreprise peut changer et évoluer vers la transparence, sans courir de risques anormaux. Ce sera au contraire l'entreprise opaque qui va courir le risque de s'exclure elle-même de la croissance.
Abdelmounaïm DILAMI