
Fnideq ne sera pas un hirak bis. Pour calmer la colère de la rue, les autorités ont fini par réagir, déployant les premiers dispositifs anti-chômage. Pourquoi ne pas l’avoir fait avant? Une réflexion qui risque de s’imposer, inévitablement, alimentée par une situation connue. Celle des dégâts de la crise Covid, doublée dans le cas d’espèce de la fermeture des frontières avec Sebta.
C’est pourtant le genre de sujets où il faut éteindre le moindre soupçon de braise. Non pas que la région soit délaissée comme le laisse entendre la sagacité de médias espagnols plus ou moins bien intentionnés. Dès que des tensions sociales y éclatent, leurs premiers réflexes sont de surfer sur les particularités historiques du Rif.
Parce que la vérité l’exige, il serait injuste de prétendre que l’Etat n’a rien tenté. Des batailles ont été gagnées en matière de désenclavement, d’équipements et même de lutte contre la pauvreté. Pour ne prendre que l’exemple de la pauvreté multidimensionnelle (qui ratisse plus large que la pauvreté monétaire en y incluant des services de base comme l’eau/électricité et l’assainissement, le logement, l’éducation, la santé...), celle-ci a été divisée par 4 entre 2004 et 2014 (monographie de la préfecture de M’diq-Fnideq, HCP 2018).
Les fragilités doivent cependant rester sous surveillance. Fnideq traîne toujours cette réputation de village accro à la contrebande et ces scènes, d’un autre âge, de femmes-mulets sont inacceptables au regard des ambitions fixées pour le pays.
Ce village a besoin d’une prise en main, idéalement industrielle, qui soit de la même ampleur que celle déployée à 76 km à l’est, c’est-à-dire à Tanger. Pour ne pas se laisser confisquer un débat social à l’origine, la mobilisation doit conduire à traquer ce qui reste comme points noirs.