
Dans un Maroc souvent réduit à ses destinations phares, telles que Marrakech ou Agadir, un projet vise à mettre en lumière des territoires moins explorés. Azalai, avec une première implantation à Zagora en 2012, s'inscrit dans cette dynamique en associant développement économique, préservation du patrimoine et respect de l’environnement.

Progressivement, ce concept s’est imposé comme une référence en matière de tourisme durable, proposant des expériences ancrées dans les écosystèmes et les communautés locales. En quelques années, cette initiative a évolué pour devenir une véritable référence en matière de tourisme durable, reliant des sites exceptionnels à travers une approche respectueuse des écosystèmes et des communautés locales. «Azalai, ce n’est pas un simple ensemble d’hébergements» précise son fondateur Harmouzi Bouchaib.
«C’est une philosophie du voyage qui privilégie l’authenticité et la découverte». Inspiré de la grande caravane du sel qui traversait jadis le Sahara, d’où le nom du projet, ce dernier s’est étendu à plusieurs sites, du désert de Chegaga à la plage de Oualidia, en passant par Cap Beddouza près de Safi. Chacune de ces destinations, loin des circuits touristiques traditionnels, est pensée comme une porte d’entrée vers une autre facette du Maroc, plus brute, plus sincère. Mais c’est dans la région de l’Oriental qu’Azalai lance son pari le plus ambitieux. Un train touristique reliant Oujda à Bouarfa, redonnant vie à une ligne ferroviaire centenaire tout en offrant une immersion unique dans des paysages d’une beauté méconnue.
Prévu pour entrer en service fin 2026, ce service ferroviaire est pensé comme une expérience à part entière, dépassant la simple fonction de transport. Chaque aspect du voyage a été conçu pour offrir une immersion dans un Maroc méconnu, loin des circuits classiques.
Un train pas comme les autres
L’aménagement des wagons, restaurés avec des matériaux traditionnels, combine travaux d’artisanat et une ambiance feutrée évoquant l’hospitalité marocaine. Chaque élément a été pensé pour offrir aux passagers une plongée dans un Maroc authentique, hors des clichés touristiques. Dès l’embarquement à Oujda, les voyageurs sont transportés dans une autre époque. Le voyage se fait au rythme du désert, invitant à la contemplation. Tout au long du trajet, les voyageurs découvrent une succession de paysages qui évoluent au fil des kilomètres: plaines arides, reliefs escarpés, oasis isolées. A bord, l’expérience se prolonge à travers une offre gastronomique inspirée des traditions locales et élaborée à partir de produits du terroir. Dans le salon, un espace d’échange permet aux passagers de découvrir des récits et des témoignages autour d’un thé à la menthe recréant l’esprit des grandes traversées caravanières. Le parcours est jalonné d’arrêts soigneusement sélectionnés.
A la gare d’El Fouchal, entre Oujda et Tendrara, un premier contact avec l’histoire ferroviaire de la région attend les passagers. Cette gare, qui fait partie d’une ligne centenaire, accueillera une salle d’exposition consacrée à la mémoire du train et aux traditions locales.

Découvrir les savoir-faire artisanaux de la région
L’étape de Tendrara marque un temps de repos pour les voyageurs. Ici, l’ancienne gare, assez vaste, sera réhabilitée en maison d’hôte, mais aussi en fondouk dédié à l’artisanat, un espace où les coopératives locales pourront exposer et vendre leurs créations. C’est un lieu pensé pour permettre aux visiteurs de découvrir les savoir-faire artisanaux de la région et de mieux comprendre la vie dans ces territoires isolés. Enfin, Bouarfa, le terminus du voyage, ne marque pas la fin de l’expérience. De là, les passagers auront la possibilité de poursuivre l’aventure grâce à une extension en 4x4 vers Figuig. Loin d’être un simple point d’arrivée, cette dernière étape vise à révéler une région encore méconnue, où l’histoire et les traditions nomades sont toujours vivantes.
Loin d’être de simples arrêts techniques, chaque gare devient ainsi un lieu de découverte et de transmission, en mettant en avant le patrimoine architectural, les savoir-faire locaux et l’histoire d’une ligne ferroviaire qui, autrefois essentielle au transport des marchandises, se transforme aujourd’hui en une porte ouverte sur un autre Maroc.

Préserver et valoriser le patrimoine marocain
Au-delà de son engagement pour un tourisme durable, Azalai œuvre également à la préservation du patrimoine architectural et culturel du Maroc. Dans de nombreuses régions où il s’implante, des villages entiers sont abandonnés et des bâtiments historiques laissés à l’abandon. Pour y remédier, le projet mise sur la restauration et la mise en valeur de ces lieux emblématiques.
En collaboration avec des architectes et des experts en conservation, l’entreprise restaure des bâtisses anciennes tout en préservant les techniques de construction traditionnelles. Ces structures retrouvent une nouvelle fonction et s’intègrent aux infrastructures touristiques du projet.
Ainsi, certaines anciennes gares sont transformées en maisons d’hôtes, en espaces culturels ou en marchés artisanaux, devenant des lieux vivants où les traditions locales sont mises à l’honneur. Cette approche ne se limite pas à la réhabilitation physique des bâtiments mais à leur redonner une utilité et une attractivité durables. Elle vise aussi à transmettre un héritage en sensibilisant les visiteurs à l’histoire et aux savoir-faire locaux.
Un tourisme qui a du sens et de l’impact
Loin du tourisme de masse, Azalai mise sur l’intime et l’authentique. Tous les sites d’accueil du projet sont pensés pour minimiser leur empreinte écologique. Les hébergements, de la tente traditionnelle à la cabane en bois, s’intègrent harmonieusement dans leur environnement grâce à des matériaux locaux et des techniques de construction inspirées du patrimoine architectural marocain. L’eau, ressource précieuse, est récupérée et recyclée, les infrastructures favorisent l’autosuffisance énergétique, et chaque détail est pensé pour réduire l’impact écologique tout en garantissant un confort optimal.
L’un des piliers d’Azalai réside aussi dans son implication locale. Chaque projet s’accompagne d’un travail collaboratif avec des architectes, des artisans et des coopératives locales. L’objectif? Assurer une dynamique économique bénéfique aux populations locales, en valorisant leur savoir-faire et en leur offrant de nouvelles opportunités. Ce modèle, fondé sur la durabilité et l’intégration sociale, permet non seulement d’enrichir l’expérience des voyageurs, mais aussi de préserver et de revitaliser des territoires délaissés.
Dans un monde où les voyageurs sont de plus en plus en quête d’expériences authentiques et responsables, le projet se positionne comme un modèle inspirant et une invitation à redécouvrir un Maroc méconnu et préservé, en adéquation avec de nouvelles manières de voyager intégrant une dimension éthique et durable.
Une vision entre tradition et innovation

A l’origine du projet Azalai, on trouve un homme, Harmouzi Bouchaib, animé par une vision singulière du tourisme et un profond attachement au Maroc. Né à Settat, il quitte le pays à l’âge de cinq ans pour vivre et travailler en France. Son parcours professionnel dans le secteur du bâtiment lui permet de développer une sensibilité particulière à l’architecture et aux techniques de construction. Ce n’est qu’en redécouvrant son pays d’origine qu’il prend pleinement conscience de la richesse du patrimoine marocain, souvent sous-estimée ou laissée à l’abandon. Fasciné par les techniques traditionnelles de construction en terre et en pierre, il décide de mettre son expertise au service d’un tourisme différent, fondé sur l’authenticité, la durabilité et la valorisation du patrimoine local. Sa motivation? Révéler un Maroc méconnu, loin des grands circuits touristiques classiques. Pour lui, chaque région possède une histoire et un potentiel inexploité. Avec Azalai, il veut non seulement offrir une expérience unique aux voyageurs, mais aussi dynamiser économiquement des territoires isolés en impliquant les communautés locales et en préservant les savoir-faire ancestraux. Porté par son regard d’expatrié revenu au pays, son approche s’appuie sur une conviction forte: le Maroc ne se résume pas à ses villes touristiques emblématiques, mais à une diversité de paysages, de cultures et de patrimoines qui méritent d’être redécouverts et protégés.
A.Bo