Julia Anyango, 31 ans, a perdu son emploi d’employée domestique en décembre 2020, lorsque la famille étrangère pour laquelle elle travaillait a quitté le Kenya pour retourner dans son pays d’origine.
Déterminée à subvenir aux besoins de ses enfants, elle a ouvert sa propre entreprise: un salon de couture et de coiffure. Seize ans plus tôt, elle avait acquis quelques compétences de base dans un cours d’esthétique et de couture qu’elle avait suivi après avoir quitté l’école à l’âge de 10 ans.
Elle a finalement ouvert son salon en février dernier. Elle utilise une machine à coudre prêtée par un ami pour la partie couture, tandis que le travail de coiffure consiste essentiellement à tresser les cheveux. Pour l’instant, les 3.000 shillings (28 dollars) qu’elle gagne chaque mois couvrent à peine ses frais de logement et d’alimentation et, bien qu’elle ait du mal à acheter des tissus et des outils pour son commerce, elle espère que les choses s’amélioreront avec le temps.
Selon les Nations unies, 67 millions de personnes ont un emploi domestique dans le monde. Parmi eux, la grande majorité sont des femmes qui travaillent souvent au noir. Pendant la pandémie, alors qu’elles essayaient de gagner leur vie, le manque d’accès aux systèmes de protection sociale les a rendues particulièrement vulnérables.
C’est sa résilience qui lui a valu une place, parmi 60 femmes, dans une initiative de relance post-Covid-19 pour les travailleuses domestiques au Kenya: le projet «Inua Mama Fua» («Soutenir la femme de ménage» en swahili), lancé en avril 2020 par le Dhobi Women’s Network, une organisation dédiée à aider les employées domestiques dans leur parcours d’autonomisation dans ce pays de l’Afrique de l’Est.Sous l’égide de cette initiative, ces femmes, qui vivent dans des quartiers pauvres de Nairobi, peuvent accéder à des prêts allant jusqu’à 15.000 shillings pour dynamiser leurs entreprises ou en créer de nouvelles.
«Les femmes sont l’épine dorsale de l’économie de ce pays. Lorsqu’elles perdent leur emploi, leurs familles souffrent», explique Grace Ngugi, directrice exécutive du Dhobi Women Network. Le projet Inua Mama Fua, qui a remporté le prix Ruth Bader Ginsburg Legacy Award 2021 décerné par le World Justice Project, a été amplement salué pour sa lutte contre les inégalités et les discriminations entre les sexes.
Par Moraa Obiria (Kenya)