Une échelle calée loin au-dessus du sol, Chhoeurm Try escalade pieds nus et sans protection les 65 mètres de la plus haute tour du temple d’Angkor Wat, puis retire avec précaution la végétation qui menace d’endommager les façades, merveilles de l’architecture khmère. «Si on fait une seule erreur, on ne survit pas», explique à l’AFP le jardinier-acrobate, une fois revenu à terre.

Cela ne le dissuade pas de continuer son combat contre la nature pour protéger les dizaines d’édifices religieux d’Angkor, malmenés par la végétation tropicale et les pluies de mousson. «Quand les petits arbres grandissent, leurs racines vont profond et font tomber les pierres», explique-t-il.
Comme lui, une trentaine de jardiniers inspectent le gigantesque site de 162 hectares situé près de Siem Reap (nord), à l’affût du moindre arbrisseau installé dans les fissures du grès. Edifié sous l’Empire khmer (IXe-XIVe siècles) et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, le parc archéologique est déserté depuis la crise du coronavirus.
Ce site archéologique du Cambodge est composé d’un ensemble de ruines et d’aménagements hydrauliques (barays, canaux). Il fut une des capitales de l’Empire khmer, existant approximativement du IXe au XVe siècle. Il constitue ainsi la principale attraction touristique au Cambodge. Seulement une cinquantaine de personnes le visitent chaque jour, contre 9.000 avant la pandémie, d’après les données des autorités.
La nature, elle, continue son travail. Les édifices religieux en grès étaient les seuls rescapés de l’étreinte mortelle de la forêt, la végétation, la mousson et les termites ayant eu raison des maisons et des palais de bois couverts de tuile et de chaume.
Il faut à tout prix préserver les temples «pour les plus jeunes générations», souligne Chhoeurm Try. Pas question d’utiliser des cordes ou du matériel d’escalade qui pourraient endommager les fragiles sculptures de pierre. Quant à un échafaudage, il mettrait des semaines à être construit, puis retiré.
Porter du matériel de protection «pourrait causer plus de problèmes» aux jardiniers, protégés uniquement par un casque, explique Ngin Thy, le chef de l’équipe. L’organisme public qui gère le parc (l’APSARA, l’Autorité pour la protection du site et la gestion de la région d’Angkor) est à la recherche d’un produit pour stopper la croissance des racines. En attendant, il revient aux jardiniers-acrobates de protéger la splendeur d’Angkor Wat.
Synthèse avec AFP
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