Le couscous aux sept légumes relève, en ces temps de pandémie, des produits de luxe. Tout particulièrement à Casablanca où l’état de siège devrait se maintenir encore. Par rapport à la dernière semaine du mois de septembre, la flambée s’est emparée des fruits et légumes les plus consommés par les ménages. Des produits qui enregistrent, tout naturellement, une demande à la fois régulière et soutenue.

La mercuriale quotidienne du ministère de l’Agriculture donne le tournis à cet effet. (Voir tableau ci-dessous). Et par comparaison aux autres grandes plateformes du pays, le marché casablancais s’avère le plus cher du Royaume. Le différentiel des prix atteint 2 à 2,5 DH/kg, voire plus selon les produits.
A titre d’exemple, les prix des tomates se sont renchéris de plus de 15% sur le marché de gros de Casablanca et ceux des pommes de terre ont explosé de 138%. Courgettes, poivrons verts, carottes, navets et haricots verts ont suivi la même tendance à la hausse. Il reste que les niveaux des prix relevés au niveau de la vente en gros passent souvent du simple au triple, voire beaucoup plus, selon les quartiers.

Comment se fait-il que ce marché autrefois place de dispatching pour de nombreuses cultures perd subitement de sa compétitivité? Les négociants de fruits et légumes qui s’y rendaient pour faire leurs achats dans le but d’approvisionner leur cité d’origine s’adonnent-ils encore au même exercice? Il y a lieu d’en douter.
Ce qui est sûr, ce sont les grandes perturbations qui ont affecté de manière générale, les circuits d’approvisionnement en fruits et légumes. «Depuis l’ouverture de l’accès direct, en mars dernier, aux magasins de grandes surfaces, sans passage obligatoire par les marchés de gros, le phénomène s’est amplifié», explique un négociant en fruits et légumes. La dérogation accordée aux magasins de grandes surfaces ayant été aussi mise à contribution par des intermédiaires s’activant entre des agriculteurs des zones de proximité et le marché au détail. «Ce dernier ayant fortement proliféré par ces temps de récession qui affecte de nombreux métiers», renchérit un autre négociant.
Plusieurs commerces des quartiers populaires (épiciers, coiffeurs, distributeurs d’articles de plomberie…) se sont reconvertis en marchands de fruits et légumes, bien évidemment, via l’exploitation de la chaussée. Et la boutique pour le stockage. La disparition ou la réduction des charrettes des circuits de la vente a également renforcé l’affluence des «nouveaux commerçants».
Résultat, renchérissement à outrance des prix mais aussi détérioration de la qualité des produits. A ces perturbations dans les circuits d’approvisionnement, s’ajoute l’arrivée à la fin de variété de plusieurs productions. (Voir illustration ci-contre).
La période juillet-août-septembre correspond en effet à la fin de production pour de nombreuses cultures maraîchères. De même, les exportations des primeurs prennent fin généralement à partir du mois de juillet. D’où la baisse des volumes issus des écarts de triage. Mais l’emprunte de la pandémie a été également déterminante dans l’approvisionnement de la métropole dont l’essentiel provient de la région d’Agadir et de quelques zones des Doukkala.
Or la mise «en quarantaine» de la capitale économique a dissuadé de nombreux producteurs et négociants en fruits et légumes de prendre le risque d’y accéder. De crainte aussi de s’exposer à l’exercice de zèle de certains contrôles et d’encourir par conséquent des dégâts en termes de frais de route et de qualité des produits. Car la pandémie a aussi impacté le travail dans les champs en ce qui concerne les cueillettes. Les délais entre la cueillette et l’acheminement vers les plateformes de distribution nécessitent désormais 3 à 4 jours au lieu de 2 jours maximum.

Pour le moment, un retour à l’accalmie ne semble pas se dessiner pour le marché. La quarantaine vient d’être prorogée pour la capitale économique. Et l’entrée en production des cultures ne devrait intervenir que lors de ce mois d’octobre. Encore faut-il espérer que le ciel soit généreux en pluviométrie. Les cultures de plein champ sont en effet déterminantes pour l’approvisionnement du pays.
7 millions de tonnes de production
La filière maraîchère occupe une superficie moyenne de 280.000 ha. Elle assure actuellement une production moyenne de 7 millions de tonnes dont près de 90% destinés au marché local. Le secteur maraîcher se répartit en trois sous filières: les maraîchages de saison, les primeurs et les produits destinés à l’agro-industrie.
La filière assure, annuellement, 60 millions de journées de travail dont 50 millions au niveau de la production et le reste dans les activités qui sont liées, soit l’équivalent de 200.000 emplois permanents.
La production de primeurs occupe une superficie de 30.000 ha. Cette production s’établit actuellement à plus de 2 millions de tonnes dont la moitié en tomates. Dépassant de loin les productions des autres fruits et légumes: pomme de terre, le haricot vert, poivrons, concombres…
A.G.
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