
Il était une fois un «influenceur» marocain expert ès condiments qui partageait ses tuyaux, entre recettes de grand-mère et naturothérapie, sur YouTube. Tout cela était bien inoffensif et avait l’air bien sympathique.
Jusqu’au jour où il a commencé à élucubrer dans une campagne anti-vaccin Covid. Ce genre de fake news est le plus dangereux de tous, car il revêt souvent l’habillage d’un argumentaire rationnel et construit.
D’autres lui ont trouvé le joli anglicisme de junk science pour désigner une «science poubelle» qui ne repose sur aucun fait solide.
Fort heureusement, une grande part de la population n’est pas tombée dans le panneau. Plus de 300.000 personnes vaccinées à date du 3 février. C’est une tendance qui ne trompe pas. Il faut se féliciter de l’adhésion à la campagne alors que le consensus a été attaqué depuis le départ.
La posture marocaine, faut-il le rappeler, est restée celle d’un vaccin conseillé et non celle d’un vaccin obligatoire. Le pays n’a pas sombré dans le précautionnisme, ce qui aurait pu être un autre excès.
La liberté vaccinale est respectée, mais cela ne doit pas accréditer l’idée que le chantier n’est pas stratégique. Ne pas jouer le jeu de la vaccination c’est retarder la protection collective et prendre le risque de continuer de nourrir les réservoirs viraux que nous sommes tous devenus.
C’est le discours avancé par le corps médical dont le rôle est important dans la sensibilisation, mais qui ne peut à lui seul porter le fardeau de la mobilisation.
On le sait, le vaccino-scepticisme surfe en grande partie sur le complotisme. Le sujet a pour ainsi dire débordé de ses frontières sanitaires. C’est pour cela qu’il faut en appeler au retour à la raison, celle des faits, de la transparence, voire de l’interrogation et du doute.
Même si, comme pour toute thérapie nouvelle, nous manquons de recul sur l’innocuité à long terme. Avons-nous le choix?