
La crise des mauvais payeurs, c’est un peu le phénix. Cet oiseau mythique que l’on donne à chaque fois pour mort, avant qu’il ne renaisse de ses cendres. A chaque tentative de réforme, le dossier est annoncé comme pris en charge ou traité. Puis les alertes repartent de plus belle que la conjoncture soit sereine ou pas.
Paradoxalement, c’est l’Etat, pointé régulièrement du doigt, qui se montre exemplaire, multipliant les gestes de bonne volonté. Les efforts de dématérialisation y contribuent grandement. Ce qui a commencé à produire ses effets avec une réduction sensible des délais moyens de 40 à 50 jours (c’est la CGEM qui le dit).
Certes, pour montrer définitivement que les objectifs visés sont bien réels et non seulement affichés, il reste encore à travailler sur les circuits de réception des factures par les donneurs d’ordre publics. Les fameuses zones grises qui continuent de pourrir la vie aux entreprises n’ont pas disparu, loin s’en faut.
Pour autant, qui peut s’engager dans le privé sur des délais pareils? Il ne faut pas se faire d’illusion: les PME et TPE n’ont pas toutes les moyens de se payer des procédures d’affacturage ou des crédits de trésorerie. Ni même de pester ouvertement contre leurs grands clients par peur de représailles.
Il ne leur reste plus qu’à subir un terrible diktat, du fournisseur-banquier. Sur un sujet aussi sérieux, grave et tragique à la fois dans des contextes pandémiques comme en ce moment, l’on peut aisément imaginer les menaces que ce type de crise fait peser sur l’existence même du tissu entrepreneurial, et par contagion, sur toute l’économie.
Qu’une énième tentative de réforme (cf. notre édition du 16 février 2021) soit annoncée et qu’elle soit idéalement la bonne, c’est tout ce que les fournisseurs peuvent espérer. C’est tout ce qu’il leur reste aussi.