
Après avoir pratiqué, systématiquement et sans discussion, la soustraction des porteurs de virus, nos autorités sanitaires ont décidé de faire l’inverse: les porteurs asymptomatiques restent chez eux. Ils ont ajouté à voix très basse «qu’il y aura une surveillance…». A voix très basse… parce que tout le monde sait, surtout le ministre et ses services, qu’il n’y a pas de moyen, matériel ou humain, pour tenir cet engagement.
En un mot comme en cent, le coronavirus a débordé les capacités médicales du Maroc.
Regardons cela de plus près. En 1960, il y avait 1,6 lit d’hôpital pour 1.000 habitants. Au sortir de la colonisation, qu’attendre de mieux; l’Indépendance va redresser cela? Erreur, ce fut de loin la meilleure année.
Qu’on en juge: en 2003, il n’en avait plus que 0,8. Aujourd’hui, nous en avons moins de 0,6 soit le niveau de la Mauritanie et du Yémen d’avant la guerre. La Tunisie en a 2,07.
Ce n’est pas fini: le ministère de la Santé est si mal organisé, qu’il n’est pas capable de fournir cette simple donnée, chaque année, aux instances mondiales.
On devine la réplique du ministère: les Suédois n’ont que 2 lits pour 1.000 habitants. C’est vrai, mais c’est un système de soins locaux très différent qui coûte, hors virus, 11% du PIB et ne laisse personne sur le bord du chemin. Pas de comparaison possible avec le Maroc.
Encore une donnée: la santé publique marocaine désespère ses personnels, la moitié de ses médecins a fui vers le privé et une part importante a fui à l’étranger, tandis que les étudiants ont fait grève durant une année pour interdire d’augmenter leurs effectifs(1). La réforme du secteur partira de loin.
_________________________
(1) Ce n’est que ces dernières semaines, grâce au virus, que les quotas ont été accrus, un peu.