Jeunes chômeurs, ils ont créé leur entreprise, mais les autorités les pourchassent, avec plus d'insistance ces derniers temps. Ce sont les marchands ambulants. Bons citoyens, ils payent des impôts, directement, à des milliers de fonctionnaires qui ferment l'oeil. Une vraie redistribution qui évite les tracas des circuits budgétaires. La moindre charette de fruits paye 50 DH par jour en pots-de-vin, soit 17.500 DH par an. Combien de commerçants officiels en payent autant en patente ou IGR? Car là est le prétexte. Les boutiquiers réclament l'égalité devant l'impôt, la lutte contre l'informel. Le principe est juste. Mais ceux qui payent beaucoup au noir ne demandent pas mieux qu'à payer moins officiellement. Quant au local, ce n'est pas qu'ils le refusent, c'est qu'il y en a peu, et qu'il est trop cher. Une boutique dans nos grandes villes coûte le prix d'une petite usine en Europe. Et le responsable est l'Etat qui a failli dans sa politique foncière, et contre la spéculation. Dans l'immobilier, il n'y a plus que des rentiers. N'est pas commerçant celui qui a la bosse du commerce, mais celui qui peut se payer une boutique. D'où l'arrogance, le mépris du client, le mauvais service. Les boutiquiers ne vendent pas, ils posent. Les marchands ambulants, eux, nous redonnent, par nécessité, l'amabilité, le bon produit, le bas prix… un marketing mix de la rue qui fait de l'achat un plaisir. Ils ont ajouté la livraison à domicile, de petits plats, de costumes ou de services de dépannage. Des microentreprises dans un sac et un téléphone portable.Ils constituent une vraie catégorie socioprofessionnelle, que l'Etat a intérêt à récupérer, organiser. Ils créent des milliers d'autoemplois, suivant le grand discours de l'Etat depuis 20 ans; s'il les pourchasse, il les retrouvera chômeurs grévistes de la faim, ou délinquants ambulants.Khalid BELYAZID
Ambulant
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