
Non, il n’y aura pas de nouvelle crise sur les chiffres du chômage. Le HCP et le ministère des Finances ont rapidement éteint les débuts d’incendie, évitant ainsi une autre polémique picrocholine, dont le contexte politique marocain s’est fait une spécialité ces derniers jours. Les statistiques publiques y sont très exposées, on le sait.
La quantification comme outil de gouvernance n’a pas plus besoin d’avocats. Elle a en revanche souvent des détracteurs. Leurs instances de production ont une fâcheuse tendance, celle d’irriter les gouvernements lorsque les indicateurs ne vont pas dans le sens de leurs orientations. Et en ces mois préélectoraux, c’est l’un des fronts qu’il faudra surveiller de près.
En toile de fond d’un tableau alarmiste sur la situation de l’emploi, Benkirane avait tenté un pari perdu en harcelant Lahlimi du lancement d’une structure parallèle, l’Agence autonome des prévisions économiques et des statistiques.
Le HCP sera finalement conforté par une caution royale. Dans cet éternel chassé-croisé entre pouvoir politique et statistiques publiques, il faut distinguer l’essentiel de l’accessoire. D’abord, le plus important est qu’il n’y ait pas de défaillances dans les processus de production et que les instances, dont ces indicateurs émanent, soient réellement indépendantes. Ensuite, que le gouvernement n’en soit plus à l’abri est même souhaitable car c’est une autre manière d’analyser la qualité de l’action publique. Alors que les crédits à l’investissement donnent de sérieux signes de fatigue, que le capital humain est en crise, comme nous l’analysons dans cette édition, et que l’économie marocaine manque de vrais ressorts, il est aujourd’hui légitime de s’interroger sur le parcours chaotique des réformes, là où les efforts ont été insuffisants.
Mohamed BENABID