Chèques repas et cadeaux : Un levier stratégique dans les politiques RH

Les équipes de Pluxee Group réunies à l’occasion d’une conférence-débat sur le thème "Loi de Finance 2025 : Des titres repas revalorisés et digitalisés pour renforcer l'engagement et le pouvoir d'achat des collaborateurs » (Ph. Privée)
Au Maroc, à l'instar de nombreux pays, le paysage des ressources humaines est confronté à un taux d'engagement en baisse, engendrant des défis majeurs en termes de coûts de recrutement, de perte d'expertise et d'impact sur la culture d'entreprise. Selon Laure Pourageaud, DRH chez Pluxee Group, s'appuyant sur une étude Gallup de 2024 sur l'engagement des salariés à l'échelle mondiale, la situation au Maroc révèle que « seulement 14 % des employés se disent engagés dans leur travail, tandis que 61 % ne le sont pas et 25 % sont activement désengagés ».
Cette déclaration a été faite lors d'une conférence-débat organisée le 17 avril à Casablanca par Pluxee Maroc sur le thème : "Loi de Finance 2025 : Des titres repas revalorisés et digitalisés pour renforcer l'engagement et le pouvoir d'achat des collaborateurs ». L'enjeu majeur pour les DRH réside donc dans la motivation et l'amélioration du bien-être des salariés, ce qui passe par des politiques sociales s'inspirant des réussites observées à travers le monde. «Par exemple, les chèques repas et autres titres sociaux. génèrent des impacts positifs que le versement d'argent ne peut offrir. Ils sont utilisés par plus de 100 millions de personnes dans 42 pays », affirme Slim Ben Ammar, DG de Pluxee Maroc et Tunisie. Lancés au Maroc en 2007, les titres repas sous format papier ont rapidement révélé leurs limites en termes de logistique et d'expérience utilisateur pour les salariés. Ainsi, leur digitalisation s'impose comme un outil pertinent et novateur pour les politiques RH, contribuant à leur généralisation à l'ensemble des entreprises publiques et privées. « La digitalisation offre une simplification administrative considérable. Les plateformes numériques et les applications mobiles permettent une distribution instantanée et une intégration fluide avec les systèmes de paie et de gestion des ressources humaines », souligne Slim Ben Ammar.
Fort de sa position de leader sur le marché marocain des titres repas et cadeaux, avec un réseau de 2000 points de vente et 120 000 bénéficiaires, Pluxee Maroc a entrepris en 2024 une transformation digitale de ses services. Siham Okhita, responsable marketing et marchand, indique que cette démarche stratégique a permis à Pluxee Maroc de devenir le seul émetteur à proposer le paiement mobile. Les chèques-repas représentent un complément de revenu non négligeable, augmentant leur pouvoir d'achat et facilitant l'accès à une alimentation de qualité. « les chèques repas et cadeaux sont aussi un investissement sur le long terme. », ajoute Sonia Darif, DRH chez Arval BNP Parisbas Group. Les titres de service représentent également un atout pour l'économie locale. En orientant les dépenses des employés vers un réseau de commerces partenaires, les chèques-repas participent à la dynamisation de l'économie locale et au soutien des petites et moyennes entreprises. Ils offrent à ces commerces un accès direct à une clientèle salariée qui, sans ces avantages, pourrait se tourner vers d'autres solutions de restauration. Cette activité génère un volume d'émission de titres d'environ 500 millions de DH par an, englobant les titres repas et les chèques cadeaux. Les entreprises émettrices de titres de service ont ainsi établi des partenariats avec un réseau commercial de plus de 2.000 fournisseurs.
H.D.
Ce que dit la loi
Les dispositions fiscales avantageuses liées aux chèques repas, telles que l'exonération des charges sociales et fiscales jusqu'à un seuil de 40 DH par jour et par salarié (contre 20 DH/jour/salarié en 2007), incitent les entreprises à adopter ce système. « C'est plus intéressant que la prime de panier qui plafonne à 889,20 DH/mois contre 1040 DH/mois pour le chèque repas », explique Youssef Oudghiri, expert- comptable et commissaire aux comptes, avant de souligner que « la prime de panier se dilue dans le salaire et n'augmente pas le pouvoir d'achat ». L'Association marocaine des émetteurs de chèques de service (ASMETS), présidée par Slim Ben Ammar, plaide pour une réévaluation
« Le seuil actuel de 40 DH est insuffisant pour couvrir le coût d'un repas équilibré »

- L’Economiste: Pensez-vous pouvoir accélérer le déploie- ment des titres de services au Maroc grâce à leur digitalisation?
Slim Ben Ammar : Nous sommes convaincus que la digitalisation constitue un véritable levier pour dynamiser nos solutions, qu'il s'agisse des titres-repas, des chèques-cadeaux ou de nouveaux services. Elle représente un outil de facilitation majeur, car elle permet de centraliser tous les avantages sur une carte ou une une application mobile. L'utilisateur pourrait ainsi disposer de plusieurs portefeuilles électroniques dédiés à des services spécifiques. Nous pensons que cette approche favorisera l'expansion de notre réseau, tout en attirant un nombre croissant de clients et d'utilisateurs.
-Quels sont les avantages pour les utilisateurs ?
- Pour l'entreprise, la transition vers le numérique élimine toute la logistique liée au format papier. Cela simplifie considérablement les opérations, d'autant plus si l'entreprise possède des succursales éloignées de son siège. Pour le commerçant, l'avantage réside dans la rapidité des paiements, sans justificatifs papier et sans avoir besoin de se déplacer au siège de l'émetteur pour être rémunéré. Quant au consommateur final, il bénéficiera d'une utilisation précise au centime près de son solde et aura son moyen de paiement toujours à portée de main sur son téléphone mobile, réduisant ainsi le risque d'oubli ou de perte. De plus, cette solution digitale élargira l'accès à un éventail de commerces de plus en plus important à mesure que davantage d'établissements adhéreront à notre réseau.
-Prévoyez-vous d'œuvrer à l'augmentation du seuil d'exonération fiscale des chèques-repas, actuellement fixé à 40 DH par jour ?
-Nous nourrissons effectivement cet espoir. Le seuil actuel de 40 DH est, selon nous, insuffisant pour couvrir le coût d'un repas équilibré, qui se situerait davantage entre 70 et 80 DH pour avoir un impact significatif sur le pouvoir d'achat des bénéficiaires. Grâce aux outils digitaux et à la démonstration de ce qu'il serait possible de réaliser avec le marché et ses acteurs en termes d'évolution numérique et de traçabilité des processus, nous espérons que les autorités publiques considéreront cette perspective d'un œil favorable et apporteront un soutien accru aux solutions de titres sociaux.
Propos recueillis par Hanna Dutel