
L'Union socialiste des forces populaires a tenu son congrès, et après un scrutin à deux tours, Driss Lachgar a été élu premier secrétaire, à une large majorité.
Ceci est un fait démocratique incontestable.
Malheureusement, après l’élection, des voix se sont élevées à l’intérieur du parti. Elles contestaient le choix des congressistes: elles reprochent au nouveau premier secrétaire sa popularité, son populisme et sa capacité manœuvrière.
C’est une incongruité significative du divorce qui s’était installée, dans l’USFP, entre certaines de ses élites et les troupes.
Cette formation politique a certes perdu de son crédit électoral. Mais elle demeure importante sur l’échiquier politique, par les idées qu’elle véhicule, par ses compétences en matière de gestion des affaires publiques et par ses aspirations intellectuelles et culturelles.
Le Mouvement du 20 février puis le Discours royal annonçant les discussions constitutionnelles, et évidemment la Constitution elle-même ont changé la vie politique. Les règles d’aujourd’hui exigent de nouveaux profils. Benkirane est devenu le chef de gouvernement. Le syndicaliste Hamid Chabat dirige l’Istiqlal: chacun a pu voir la révolution vécue par ce parti très bourgeois.
Il était logique que l’USFP entre dans le même processus de renouvellement, sous peine de disparaître.
La classe politique a désormais en charge le devoir de s’adresser aux électeurs et de refléter leurs attentes. La légitimité se trouve désormais chez eux. Par rapport au système de légitimation ancien, c’est une révolution qui n’a pas dit son nom. Cela, les contestataires au sein de l’USFP doivent le comprendre, comme ceux de l’Istiqlal l’ont compris.
Si ce tournant fondamental n’est pas pris, au mieux ils casseront leur carrière politique, au pire ils casseront le parti avec. Mais ils ne peuvent plus avoir raison au regard des changements historiques que le Maroc est en train d’effectuer.
Abdelmounaïm DILAMI