
Certaines entreprises méritent des excès d’honneur. Par exemple, une partie du potentiel d’innovation et de l’export marocains se niche aujourd’hui dans la saga des opérateurs de monétique. Elle est arrivée à négocier des conquêtes de manière frugale, c’est-à-dire sans mobiliser de plans d’accompagnement stratosphérique. Du moins pas de l’ampleur du «tout-subvention» dont l’histoire industrielle du pays connaît le secret et qui s’est transformé en désastre pour de nombreux secteurs.
Pour certaines de ces entreprises technologiques, l’éloignement géographique n’est même pas un frein. Elles arrivent même à narguer chinois et indiens, sur des marchés habituellement chasse gardée asiatique comme pour la Nouvelle-Zélande. Quoique à échelle raisonnable, il y a véritablement là une alchimie qui permet de transformer des entreprises innovantes en champions mondialisés. En attendant que des case studies puissent contribuer à en explorer les fondations de manière beaucoup plus poussée, on en entraperçoit d’ores et déjà quelques ingrédients. Comme la lucidité de dirigeants qui ont fait du capital humain plus qu’un slogan, en se pressant moins de prendre leurs bénéfices que de bien budgétiser la R&D, en acceptant de s’ouvrir sur des réseaux sans peur d’y perdre leurs marchés.
Maintenant, sur une poignée d’entreprises innovantes qui arrivent à percer, combien sont ignorées ou n’arrivent pas à provoquer le déclic? Combien d’autres n’arrivent pas véritablement à transformer l’essai du brevet, lequel comme on le sait n’est pas la garantie du succès commercial et économique? Combien d’autres encore n’arrivent pas à faire de la recherche un levier opérationnel?… Quelque part, c’est un constat d’échec et un défi pour les politiques de pilotage de l’innovation.
Mohamed Benabid
Mohamed Benabid