Tout d’abord, une précision de taille. Le ministre de la Culture Mohamed Sbihi n’arrête pas de le marteler: le Maroc ne compte pas privatiser ses monuments historiques, mais plutôt en déléguer la gestion. Et l’appel d’offres international, lancé en août dernier concernant trois sites historiques de Marrakech (Palais Bahia, Badiî et les tombeaux saâdiens), devrait désigner un exploitant professionnel qui aura à gérer tout ce qui a trait à la gestion économique, l’accueil des visiteurs, la gestion de la billetterie, la promotion, l’animation…mais le ministère garde le contrôle. C’est parce qu’il n’a pas les moyens ni les compétences que le ministère a décidé de confier l’exploitation commerciale de ces monuments à des opérateurs privés. Les exploitants devront mettre en place également un programme de visites guidées, l’organisation de manifestations sur les sites pour accroître leur rayonnement, les activités pédagogiques à destination des écoles et du jeune public, la mise en place d’une scénographie au sein de ces sites en relation avec leur historique pour mieux le mettre en valeur. La durée du contrat a été fixée à 10 ans. Plusieurs candidats marocains, italiens, français et espagnols sont intéressés par cette exploitation dont le dernier délai de soumission est le 14 septembre. Après l’attribution du marché, l’opérateur disposera d’un délai de 4 mois pour déployer les moyens humains et matériels nécessaires à l’exploitation des sites. Il devra également créer une société de droit marocain pour l’exploitation exclusive des sites Palais Bahia, Badiî et les Tombeaux Saâdiens et en conserver la majorité pendant la durée du contrat. 2 millions de visiteurs sont actuellement enregistrés sur l’ensemble des 3 sites. A travers cette gestion déléguée, le ministère de la Culture espère atteindre 5 millions au bout de trois ans et 20 millions de visiteurs sur l’ensemble des monuments à l’horizon 2020. Pour inciter les investisseurs, le ministère a mis en avant le potentiel financier des sites ainsi que leur valeur historique. Le Palais Badiî, par exemple, a été construit par le sultan Abou Al Abbas Ahmed Saadi approximativement en 1578. Il s’étend sur plus de 21 hectares. En 2014, le site a accueilli 103.400 visiteurs. Le monument a généré 2,4 millions de DH de recettes au titre des visites et de location, contre 1,7 million l’année précédente.
D’une superficie de 8.000 m2, le Palais Bahia a été construit par le vizir Ahmed ben Moussa, dit Bahmad et remonte à 1866. En 2014, il a reçu plus de 400.000 visiteurs pour une recette globale de 6,4 millions de DH contre 5,3 millions un an auparavant. Le troisième monument que le ministère de la Culture propose à la gestion privée concerne les tombeaux saâdiens. Construite en 1557, la nécropole royale n’a été découverte tout à fait par hasard qu’en 1917. C’est un mix entre l’architecture saâdienne et andalouse. En 2014, le site a été visité par près de 400.000 personnes et a réalisé des recettes de l’ordre de 3,8 millions de DH contre 3,4 millions un an auparavant. Dans le cahier des charges de l’investisseur qui réussira à décrocher le marché, il existe de grandes possibilités. Il pourra par exemple investir dans la technologie pour verrouiller les visites et augmenter les recettes.
Ressources humaines
L’attributaire du marché ne sera pas amené à restaurer les monuments dont il aura la charge, mais aura à en assurer la sécurité et l’entretien. De plus, le personnel continuera de relever du ministère de la Culture. Mais l’adjudicataire du marché aura évidemment la latitude de mobiliser des ressources humaines supplémentaires en rapport avec le volume de ses activités.
B. B.
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