Quel est le positionnement actuel du Maroc? C’est la question à laquelle ambitionne de répondre le nouveau rapport de l’Institut royal des études stratégiques (IRES). Cette 8e édition, qui vient d’être publiée, a été réalisée dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid-19. L’Institut revient à la charge concernant le potentiel qu’offre le capital immatériel.

«L’analyse des résultats de la 8e édition met en évidence la nécessité pour le Maroc de renforcer son capital immatériel, pour en faire un levier de son positionnement international», est-il indiqué. Dans les détails, le classement du Maroc en matière de richesse globale par habitant a enregistré un recul de 8 places entre 2010 et 2014. Selon l’IRES, «cette évolution, qui n’est pas à la mesure de l’effort d’investissement élevé consenti par le pays, est expliquée, entre autres, par le ralentissement de la croissance économique.
En face, le positionnement du pays en matière de capital immatériel par habitant a connu une amélioration sensible entre 2000 et 2005, avant d’accuser une baisse due, entre autres, à la qualité insuffisante du capital humain. Selon l’IRES, le poids du capital immatériel représente les trois quarts de la richesse globale du Maroc, soit un niveau proche de celui des pays de l’OCDE.
Parallèlement, ce document souligne que «le positionnement du Maroc selon le PIB par habitant, en parité de pouvoir d’achat, ne reflète pas les potentialités économiques du pays.

■ Prérequis d’accès à la mondialisation
Plusieurs indices sont pris en compte dans ce domaine, dont celui de la compétitivité. Selon l’IRES, le Maroc a amélioré légèrement son positionnement dans cet indice. Cela s’explique par «les efforts en matière de développement soutenu des infrastructures et de renforcement de la compétitivité logistique». Rabat a mieux fait au niveau de l’indice Doing business, avec un gain de 75 places entre 2004 et 2019. Idem pour celui des «Best countries for business», avec un gain de 35 places entre 2007 et 2019, grâce à «l’amélioration du climat général des affaires». Par contre, les résultats du positionnement de la marque Maroc restent encore insuffisants. Cette situation s’explique par «l’absence à la fois d’une stratégie intégrée de la marque Maroc et d’une communication active sur l’image du Royaume à l’international». Néanmoins, le pays a pu réaliser une avancée dans son positionnement au titre de l’indice Country Reptrak reputation index. Cette année, marquée par la pandémie de la Covid-19, le Maroc a rejoint le top 30 ayant la meilleure réputation au monde. «Sa réputation externe, selon l’enquête annuelle de l’IRES, est meilleure que celle de l’Indonésie et des BRICS, et dépasse largement celle de la Turquie et des pays arabes et africains». Cependant, le pays recule en matière de libertés économiques, notamment «sous l’effet de la lenteur des progrès enregistrés en matière de la lutte contre la corruption». Idem pour la régulation de la concurrence, qui continue de plomber le positionnement du Maroc. Cela s’explique notamment par «l’insuffisance des efforts déployés dans ce domaine au niveau du secteur marchand».
Résilience face aux menaces
■ Indice global de paix

Le tableau de bord stratégique de l’IRES a mis l’accent sur le positionnement du Royaume dans les différents aspects liés à la sécurité, à la préservation de l’intégrité territoriale et à la résilience face aux menaces. En matière de sécurité globale, ce document pointe un recul du positionnement dans l’Indice global de paix, qui pourrait s’expliquer par l’instabilité de l’environnement régional, en plus des manifestations sociales enregistrées dans certaines régions du Maroc. Actuellement, «le Royaume est le 6e pays le plus paisible au niveau de la région Mena», est-il indiqué. Pour ce qui est de l’indice global de terrorisme, le Maroc, qui faisait partie des pays «sans impact», a rejoint, en 2019, la catégorie des pays «à très faible impact». Cela «pourrait être lié à l’attentat perpétré en 2018 contre deux jeunes touristes scandinaves par des individus prêtant allégeance à l’Etat islamique». Pour ce qui est des dépenses militaires, avoisinant les 3,3% du PIB sur la période 2002 à 2019, elles sont motivées par la nécessité de moderniser et de renforcer les capacités militaires du pays et la défense de son intégrité territoriale. Le volume des importations d’armes a enregistré une progression, passant de 125 millions de dollars en 2000 à 376 millions de dollars en 2020. Cette évolution est liée au «contexte géopolitique régional instable et à l’accentuation des menaces transnationales». Cela s’est accompagné d’une amélioration significative du classement international du Maroc en termes de puissance militaire.
■ Evolution des dépenses militaires

L’innovation encore à la traîne
■ Indice mondial de la propriété intellectuelle

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■ Indice de préparation aux NTIC (Network readiness index)

Entre 2000 et 2012, le Maroc a perdu 10 places dans le classement au titre de l’indice de l’économie de connaissance. Cela est dû aux «contre-performances enregistrées dans le domaine de l’enseignement supérieur scientifique et technique». Ce rapport met aussi l’accent sur l’insuffisance des ressources humaines et financières allouées à la recherche et développement. Ce document met en garde contre le fait que «l’effectif réduit des chercheurs ne favorise pas la construction d’un vivier de compétences nécessaire au développement de l’innovation. Néanmoins, Rabat se positionne comme le pays le plus performant des économies à revenu intermédiaire dans le domaine de la propriété intellectuelle, grâce à une forte protection des brevets et droits connexes. Mais le rapport de l’IRES attire l’attention sur le fait que les taux de piratage des logiciels et de la contrefaçon physique restent très élevés. L’absence d’une vision à long terme, globale et transversale dans le secteur numérique a impacté négativement le classement du Maroc dans l’indice de préparation aux NTIC (Network readiness index).
M.A.M.
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