2020 marque le dixième anniversaire de l’Université internationale de Rabat (UIR), mais également celui de son école de droit et de sciences politiques et sociales, Sciences Po Rabat, la première du genre au Maroc. Longtemps resté discret, l’établissement prend le pari de s’ouvrir aux médias, afin de mieux se faire connaître, et de partager son expertise en analyse et décryptage de l’actualité. Il relève, en outre, un nouveau défi, en proposant ses propres programmes de formation continue.

«Nous réalisions des formations centralisées au niveau de l’UIR. Cette année, pour la première fois, nos programmes sont directement rattachés à notre établissement», précise Eric Yvonnet, directeur exécutif.
La «branche humaniste» de l’UIR propose ainsi cette année quatre nouveaux masters ciblant un large public de professionnels, qui souhaitent s’initier aux sciences politiques: Résolution des conflits en Afrique, management des crises majeures, nouvelle gouvernance internationale et évaluation des politiques publiques. Les candidatures sont actuellement ouvertes. Les cours démarrent à partir de janvier 2021. Les nouveaux masters, étalés sur 10 mois, sont proposés à 70.000 DH. Ils débouchent sur un diplôme d’université. «Il s’agit d’un diplôme interne, non reconnu par l’Etat, à l’instar de toutes les formations exécutives au Maroc», relève Yousra Abourabi, professeur, responsable de master.
«Cela ne change absolument rien à la qualité de la formation. Nous délivrons les mêmes connaissances et expertises que dans les masters en formation initiale, et nous restons sur le même niveau d’exigence», souligne Zineb Omary, également professeur, responsable de master. Toutefois, l’école propose un système de crédits internationaux ECTS. «Le parcours donne droit à une unité de 60 crédits ECTS, équivalant à une année de master. Il est possible de les comptabiliser partout à l’international pour de nouvelles études», explique Julien Durand De Sanctis, troisième professeur, responsable de master. Créé en partenariat avec Sciences Po Grenoble, l’établissement adopte le système des crédits depuis son démarrage il y a dix ans.
Les professionnels visant un doctorat marocain peuvent s’inscrire dans un master en formation initiale, et bénéficier d’aménagements spéciaux.
«Notre ambition est également liée à l’ouverture africaine du Maroc», confie Julien Durand De Sanctis. «Les universités africaines dispensent plus de droit que de sciences politiques à l’échelle du master. Les étudiants partent donc se former à l’étranger pour revenir dans leur pays en tant que décideurs. Or, à l’international, les formations ne sont pas véritablement tournées vers les questions africaines», regrette-t-il. Sciences Po Rabat propose donc des programmes adaptés aux réalités du continent. Tout un département est d’ailleurs mobilisé afin de faciliter le déplacement des étudiants d’Afrique subsaharienne au Maroc.
L’art de former des «spécialistes de la généralité»
Si en France les Sciences Po se veulent élitistes obéissant à des critères d’admission ultra sélectifs, au Maroc, la philosophie est différente. Les conditions d’accès sont plus souples, «mais sans rien lâcher sur l’excellence académique». L’idée est de donner une chance à un maximum de jeunes, de différents milieux, de suivre un parcours d’excellence. L’école cherche en priorité des «personnalités». «Sciences Po Rabat propose des contenus pluridisciplinaires qui répondent parfaitement aux attentes des entreprises, contrairement à d’autres types d’établissements, où l’offre reste verticale, très spécialisée», argue Eric Yvonnet. L’objectif de l’école est de former des «spécialistes de la généralité», «dotés d’une grande culture générale, à même de rentrer dans les logiques, de les comprendre et de s’adapter». «Notre spécialité est de former des personnes qui peuvent mobiliser de manière pertinente des connaissances dans différentes disciplines pour régler un problème. Des profils qui n’hésitent pas à bousculer des orthodoxies à l’intérieur de chacune des disciplines, afin de les faire avancer», explique Jean-Noël Ferrié, doyen.
Ahlam NAZIH
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