Vu la violence de la pandémie du coronavirus et les dégâts provoqués dans l’économie, les sociétés cotées s’en tirent plutôt bien malgré la chute de 54% des bénéfices du marché à 7,2 milliards de DH selon BMCE Capital Research. Ce résultat intègre plusieurs éléments exceptionnels dont les contributions au Fonds de gestion de la pandémie qui sont les plus impactants.

Les dons des sociétés cotées avoisinent 6 milliards de DH selon les calculs de BMCE Capital Research. Retraitée de cette charge non récurrente, la masse bénéficiaire limite sa baisse à 29%. Toutefois, cette vue d’ensemble masque des situations variées selon les secteurs. L’immobilier qui était en proie à des difficultés avant la crise a été violemment secoué par le confinement et les pertes de pouvoir d’achat de nombreux acquéreurs. Les trois groupes ont cumulé une perte de 107 millions de DH. Celle-ci a été alimentée par Addoha (-80 millions de DH) et Résidences Dar Saada (-36,1 millions de DH).
En revanche, Alliances a dégagé un bénéfice de 9,1 millions de DH contre 92,8 millions de DH au premier semestre 2019. Le secteur reste très dépendant du rétablissement de la confiance des ménages et de la politique commerciale des banques. La rigidité des prix dans certaines localités est aussi un des facteurs qui pourrait prolonger les difficultés dans le secteur, ou du moins la durée de sortie de la crise.
Les incertitudes sur l’évolution de la situation sanitaire restent aussi une menace permanente pour tous les chefs d’entreprises. Les opérateurs touristiques avancent dans l’inconnu en l’absence de visibilité sur la réouverture des frontières. Le représentant en Bourse, Risma, a essuyé une perte de 68,7 millions de DH au premier semestre. Les secteurs du Transport et de la Distribution spécialisée sont aussi parmi les plus durement touchés par la conjoncture avec des pertes respectives de 47 millions de DH et 2,6 millions de DH.

Globalement, la masse bénéficiaire des industries a chuté de 49,2% à 4,1 milliards de DH. Certaines entreprises comme Maroc Telecom, LafargeHolcim et Ciments du Maroc ont imputé la totalité de la contribution au fonds Covid-19 (2,1 milliards de DH) dans les comptes du 1er semestre. Les entreprises financières ont réalisé un profit de 2,8 milliards de DH à fin juin contre 6,8 milliards de DH à la même période l’année dernière.
Au-delà des dons, le provisionnement massif des banques pour faire face à la dégradation du risque de crédit ont fait exploser le coût du risque (x2,4). Le taux du coût du risque moyen dans le secteur est passé de 0,8% à 1,9%. Les bénéfices des compagnies d’assurances ont décroché de 71% à 266 millions de DH en raison notamment de la perte de 192 millions de DH de Wafa Assurance. La montée des impayés dans le secteur, la contre-performance des marchés financiers au 1er semestre et la décision de plusieurs émetteurs de reporter, réduire ou geler les versements de dividendes ont pénalisé les compagnies d’assurances.
Baisse de 5% du chiffre d’affaires du marché
Alors que la crise sanitaire et le confinement entre mars et juin ont amputé une bonne partie du chiffre d’affaires des entreprises, les sociétés cotées ont limité la baisse de leurs revenus à 5% à 113,2 milliards de DH. Dans l’industrie, le chiffre d’affaires a reculé de 10%. L’arrêt de la quasi totalité des chantiers de construction et la chute des transactions dans l’immobilier ont entraîné un effondrement de 57% du chiffre d’affaires des groupes immobiliers.
Dans cet écosystème, les entreprises de matériaux de construction ont vu leurs ventes dévisser de 22% à 7,3 milliards de DH. La chute de la fréquentation des stations services au deuxième trimestre a fait perdre 1,6 milliard de DH de revenus à Total au 1er semestre, ce qui contribue à la baisse de 21% du chiffre d’affaires sectoriel. Celui de la distribution spécialisée a décroché de 33% dont une baisse de 31% des ventes des sociétés de distribution automobile.
Ces impacts négatifs ont été atténués par l’orientation positive de l’activité dans les secteurs Télécoms, Mines et Distribution alimentaire. Dans la Finance, la production de crédit des banques a été soutenue par les dispositifs d’aide aux entreprises notamment les prêts de trésorerie garantis par l’Etat. La marge d’intérêt s’est ainsi renforcée de 8% en raison aussi du changement de périmètre à la BCP. Parmi les autres composantes du PNB, le résultat des opérations de marché a augmenté de 5% tandis que la marge sur commission a baissé de 1,7%.
F.Fa
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