Les craintes des banques sur la flambée de la sinistralité se confirment. Malgré les assouplissements accordés par Bank Al-Maghrib en matière de provisionnement, le coût du risque a au minimum été multiplié par 2 pour la plupart des banques en raison de la dégradation de la situation économique.

A ce stade, la banque la plus touchée semble Attijariwafa bank dont le coût du risque a triplé par rapport au premier semestre 2019 à 3 milliards de DH. Cela peut aussi s’expliquer par un provisionnement anticipatif significatif. Ce qui est le signe que les banques s’attendent à de prochains mois difficiles.
«Le coût du risque pourrait être similaire voire plus important que celui du 1er semestre», a indiqué le PDG de CIH Bank lors de la présentation des résultats semestriels. A fin juin, l’indicateur s’affichait à 415 millions de DH pour la banque qu’il dirige contre 172 millions de DH à la même période l’année dernière. Il s’est dégradé dans des proportions un peu plus importantes (+188%) chez BMCI pour atteindre 494 millions de DH.

Chez la BCP, le coût du risque s’est hissé à 3 milliards de DH après six mois contre 1,4 milliard de DH une année auparavant. Depuis juin et la sortie du confinement, les perspectives économiques se sont dégradées, Bank Al-Maghrib et le Centre marocain de conjoncture prévoyant désormais une récession plus forte que prévue. Le PIB devrait décrocher de plus de 6% selon les dernières estimations. Leur concrétisation pourrait accentuer le choc dans les livres des banques. Interrogé sur la sinistralité du portefeuille des banques, le gouverneur de la banque centrale s’est montré plutôt rassurant.
«Les provisions restent à un niveau acceptable», juge-t-il. «Nous aurons une vision plus claire de la situation après la réunion avec le GPBM en novembre prochain», a-t-il poursuivi. En revanche, la situation serait plus préoccupante du côté des sociétés de crédit à la consommation. Les impayés affichent des «hausses invraisemblables», selon la banque centrale en raison du confinement et d’une reprise lente de l’activité depuis juin.
Outre l’impact du coût du risque, les dons au Fonds de gestion de la pandémie ont lourdement pesé sur les résultats du 1er semestre. Pour les quatre banques, les profits ont décroché de 53% à 2,4 milliards de DH. Ils ont chuté de 57% à 1,2 milliard de DH à Attijariwafa bank et de 38% à 1 milliard de DH à la BCP. Les baisses sont plus marquées chez BMCI (-83%) et CIH Bank (-70%). Dans cette conjoncture exceptionnelle marquée notamment par l’arrêt quasi complet de l’économie au deuxième trimestre, le produit net bancaire a plutôt résisté grâce notamment à une production record de crédit de trésorerie pour soutenir les entreprises.
Pour le quatuor, le PNB s’est amélioré de 8,8% à 25,3 milliards de DH. La forte croissance de 13,8% des revenus du groupe BCP s’explique aussi par le changement de périmètre par rapport au 1er semestre 2019. Pour Attijariwafa bank, le PNB a augmenté de 5,1% dont une hausse de 8,6% de la marge d’intérêt. Cette dernière a progressé de 5,1% chez BMCI à 1,2 milliard de DH. Le revenu global s’est établi à 1,6 milliard de DH en croissance de 1,2%. CIH Bank a amélioré son chiffre d’affaires de 17,4% à 1,4 milliard de DH grâce notamment à la bonne tenue de la marge d’intérêt (+13,8%).
F.Fa
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