Le plus dur reste à venir dans l’industrie automobile! Le contexte Covid remet en cause plein de certitudes et alimente beaucoup d’inquiétudes auprès des producteurs/constructeurs.
«Nous nous attendions à ce que le 2e semestre soit une période difficile pour les ventes de véhicules neufs», confirme une étude récente de Fitch Solutions. Les conditions économiques très défavorables devront se traduire par une contraction de la demande des consommateurs et des entreprises en termes d’acquisition de véhicules neufs.

«Pour 2020, en raison de la crise Covid, nous maintenons nos prévisions d’une forte contraction de la production automobile marocaine, tant pour le marché domestique qu’à l’export», précise Fitch Solutions. Le contexte actuel empreint d’incertitudes et de manque de visibilité fait que l’achat d’une voiture neuve n’est plus une priorité tant auprès des ménages que des entreprises.
Plus encore, la grave récession du secteur du tourisme au Maroc , dont les pertes au 1er semestre se chiffrent à 11 milliards de DH, aura certainement un impact sur la demande de véhicules neufs tant pour la location de voitures que pour les hôtels et restaurants. Même scénario pessimiste pour les véhicules utilitaires, puisque les entreprises ne peuvent procéder au renouvellement de leurs flottes.
A l’export, les perspectives ne sont guère rassurantes. La tendance baissière de la demande de véhicules devra s’accentuer aussi bien auprès des ménages que des activités liées au transport, à la construction, au tourisme/loisirs... «Au Maroc, le secteur n’est pas à l’abri de ce contexte mouvementé et les performances à l’exportation dénotent d’un recul de près de 40% du chiffre d’affaires sur la première moitié de l’année», relève une analyse récente du Policy Center for the New South.
Sur l’ensemble de l’année 2020, Fitch Solutions, «prévoit une contraction de 31,8% du secteur automobile marocain. Les ventes de voitures particulières devront baisser (de -31%) moins que les véhicules utilitaires (-38,5%)». Aujourd’hui, la situation sanitaire est tellement préoccupante que Fitch redoute la résurgence d’une seconde vague Covid encore plus virulente pendant l’hiver prochain et qui risque d’emporter dans son sillage des pans entiers de l’industrie locale.
«Si une deuxième vague d’infections Covid se produirait, avec l’option probable de pics de contaminations et d’un re-confinement généralisé, le ralentissement économique en cours -et par ricochet la demande de véhicules neufs- pourrait se prolonger jusqu’en 2021», annonce l’analyse du cabinet de conseil Fitch.
Mais à partir de 2021, les prévisions de Fitch sont plutôt optimistes. S’il n’y aura pas de coup de théâtre l’année prochaine, logiquement la production et la demande devraient repartir à la hausse. «Une fois la pandémie passée, la production automobile made in Maroc devrait augmenter régulièrement et ce, de manière soutenue jusqu’en 2029», annonce l’étude.

Plus encore, Fitch déduit que les pays producteurs d’Afrique du Nord, en particulier le Maroc et l’Egypte, bénéficieront des efforts de restructuration des équipementiers. En effet, la tendance à l’avenir est que les fabricants de pièces d’origine (OEM) seront contraints de réduire leur dépendance à l’égard de la production chinoise. Ils devront donc raccourcir davantage leurs chaînes d’approvisionnement en transférant ou en délocalisant l’essentiel de leurs composants.
Les équipementiers chercheront désormais à se rapprocher des chaînes de production en optant pour des pays de l’Afrique du Nord. Cela dit, «nous prévoyons que l’industrie de production automobile marocaine bénéficiera d’efforts de restructuration à partir de 2021, car les constructeurs automobiles seront amenés à réduire leurs dépenses autant que possible en raison de la faible demande de 2020». Si ce scénario se confirme, cela devra se traduire par des IDE en masse dès 2021.
Le Maroc, élève sérieux!
Au-delà de la crise actuelle, tout porte à croire que l’industrie automobile marocaine restera à l’avenir en position de force pour capitaliser sur des plans de restructuration en raison de la proximité et des relations commerciales assez développées avec l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient. «Les entreprises manufacturières étrangères continuent d’être attirées vers le Maroc par des arguments forts tels que la situation géographique favorable, la proximité ou encore les liens logistiques assez développés avec l’Europe, l’Afrique de l’Ouest...», conclut l’étude Fitch Solutions. Sur un tout autre registre, les analystes prévoient que la production de véhicules made in Maroc rebondira rapidement avec une éventuelle croissance de l’ordre de 14,8% en 2021.
Amin RBOUB
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