En temps d’incertitude, le réflexe de nombreuses personnes consiste à rapatrier un peu d’argent liquide chez elles. Le contexte actuel de la crise, doublé d’une incertitude due aux conséquences du Covid-19, n’y échappe pas.
Entre février et mars, mois durant lequel l’état d’urgence sanitaire et le confinement ont été décrétés, la circulation fiduciaire a augmenté de 13 milliards de DH pour s’établir à 267 milliards de DH. C’est six fois le montant relevé sur la même période en 2019. Depuis le début de l’année, 16 milliards de DH supplémentaires ont été sortis du système financier.
Ce qui est paradoxal puisque le billet de banque est un vecteur de propagation du virus. D’où les appels incessants de privilégier des moyens de paiement autre que le cash afin de prévenir le risque. Cette crise sanitaire aurait pu dynamiser le paiement mobile, surtout pour le paiement auprès des commerçants.
Hélas, l’écosystème est toujours en cours de construction et les divergences d’intérêts ralentissent le processus. «Une fois que les nuages se seront dissipés, c’est-à-dire les inquiétudes liées à la croissance et l’emploi, la circulation fiduciaire devrait baisser et le cash sorti du circuit devrait retourner dans le circuit monétaire. Il faut aussi espérer le maintien des amnisties pour accélérer ce mouvement», analyse Marouane Hatim, économiste chercheur.
La particularité de la crise actuelle est qu’elle s’accompagne d’une chute, voire une perte de revenus pour de très nombreux ménages. Ce qui se ressent sur leurs placements. Après un mois de janvier très dynamique marqué par une hausse de 54% des placements en assurance-vie, le mouvement s’est totalement inversé les deux mois suivants (-22% en février et -17% en mars).

Parallèlement, les demandes de rachat repartent à la hausse, ce qui témoigne des besoins en trésorerie. Globalement, le 1er trimestre s’achève sur une hausse de 2,8% de la collecte à 5,4 milliards de DH. Malgré le comportement de l’assurance-vie ces derniers mois, elle devrait moins souffrir de la conjoncture que d’autres produits d’épargne relèvent des professionnels. Elle continue à offrir des rendements intéressants et surtout, demeure un outil important d’organisation patrimoniale.
Très dynamique ces dernières années, ce placement pourrait connaître un nouvel élan à la sortie de la crise. «Cette crise inédite va induire un changement du comportement des ménages et faire évoluer le modèle de consommation. L’épargne prendra une place plus importante dans les arbitrages à l’avenir», prévoit Marouane Hatim.
Si les placements dans les produits d’épargne sont en chute libre, les versements dans les contrats en unités de compte, eux, flambent avec une croissance de 149% en février et 78% en mars. Ces produits, plus risqués, restent minoritaires et ne sont commercialisés que par une poignée de compagnies. Néanmoins, ce goût pour le risque de certains épargnants se voit aussi à travers les opérations en Bourse.
En plein bain de sang en mars (le Masi a cédé 21%), les investisseurs personnes physiques y ont investi 544 millions de DH, soit un volume d’achats 20% supérieur à celui de tout le premier trimestre 2019. Certes les particuliers étaient vendeurs nets le trimestre écoulé mais ils ont été plus actifs (1,1 milliard de DH d’achats et 1,2 milliard de DH de cessions) comparés aux trois premiers mois de 2019 (455 millions à l’achat et 401 millions de DH à la vente).
Certains épargnants ont choisi de saisir l’opportunité de se positionner sur des valeurs vedettes du marché à des prix quasiment soldés. Malgré les incertitudes autour de la crise et leurs conséquences sur les sociétés cotées, certains devraient entrevoir plus rapidement que d’autres le bout du tunnel et créer davantage de la valeur pour les actionnaires.
Avec 166 milliards de DH d’encours à fin mars 2020, le compte sur carnet demeure le premier produit de placement des ménages. Il a résisté à la baisse du taux de rémunération mais flanche une première fois en dix ans en mars (en rythme mensuel) en raison de la conjoncture. L’encours a baissé de 1,2% par rapport à février.
Ce n’était plus arrivé depuis mai 2010. A l’époque, il avait même stagné (-0,05% à 74,3 milliards de DH). Le contexte n’est pas non plus très favorable aux autres produits bancaires. Après trois mois, l’encours des dépôts à terme et bons de caisse affiche une baisse de 2,6%.
F.Fa
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